Un hiver sans chauffage, seconde expérience

Pourquoi ne pas tenter l’expérience de ne plus chauffer que quand c’est absolument nécessaire?

  • 3 avril 2024
  • 6 min
température construction chauffage hiver

L’idée avait germé lors de l’explosion du prix des acomptes de gaz en 2022 : pourquoi ne pas tenter l’expérience de ne plus chauffer que quand c’est absolument nécessaire. Fort des résultats de l’année passée, l’expérience a été retentée, par souci économique, valorisé par une gratification écologique. Le challenge a-t-il été relevé ?

Un article traitait de cette expérience durant l’hiver 2022 à 2023 (>>> Lire : La température d’équilibre, ça existe ?) qui avait permis une économie de plus de 60 % de la facture de gaz. Depuis, nous avons tenté de placer un poêle à bois, mais la configuration de la construction ne le permet pas. Nous nous sommes donc relancés dans l’expérience pour une deuxième année consécutive.

Laisser le bâtiment à sa température d’équilibre

Le principe de l’expérience a été de laisser le bâtiment en limitant au maximum les apports de chauffage durant toute l’année, hiver compris, et d’y vivre afin de vérifier si cela était faisable et dans quelles conditions.

L’an dernier, il avait fallu motiver toute la famille. Nous sommes deux avec nos trois enfants de 22 à 18 ans. Cette année, le challenge s’est réinstauré sans grande difficulté lorsque les températures automnales plus fraiches ont pointé le bout de leur nez. Avec une question en tête : fera-t-on mieux ?

Mettre le bâtiment en conditions

A l’image d’un sous-marin qui part en mission, la maison a été « cloisonnée » entre les espaces dans lesquels nous allions être plus fréquemment et ceux qui seraient moins utilisés en période hivernale. Il n’est pas inutile de savoir que nous travaillons tous le deux depuis notre domicile.

La cuisine s‘est naturellement vue attribuer un rôle central. Il fallait y conserver au maximum la chaleur produite par la cuisson des repas et les soirées s’y sont prolongées plutôt que dans le salon. Ce principe ne fait que reproduire l’esprit des anciennes cheminées présentes dans les châteaux forts dans lesquelles étaient intégrés des bancs pour s’y blottir au plus froid de l’hiver.

Une adaptation du corps humain

Comme l’an dernier, lorsque les températures ont chuté, il a fallu se réhabituer à des températures plus fraiches. Toutefois, avec de bons sous-vêtements thermiques (qui nous servent en montagne en été également), et un plaid sur les jambes, après une ou deux semaines, le corps s’habitue à travailler avec 15°C ou 16 °C, voir même 14°C dans le bureau. Et puis, lorsque l’on a froid, plutôt que de scroller sur son smartphone, un tour du bloc et le corps se remet en action !

Une visualisation essentielle des résultats

Et comme l’an dernier, c’est avec étonnement que j’ai constaté l’enthousiasme de toute la famille pour participer à cette expérience. Un rite s’est instauré de lui-même, celui de l’affichage des résultats le dimanche matin. Au départ un simple graphique, permettant de visualiser les résultats par rapport à l’année précédente qui s’est vu complété de multiples graphiques en application des cours de tableur par nos adolescentes qui se sont ainsi approprié le processus.

Un bilan positif

Et cette année encore, le bilan est positif : un peu plus de 30 % d’économie par rapport à l’an dernier ! La facture de gaz annuelle passe sous les 30 €. On peut ainsi estimer l’économie de CO2 à une tonne environ par rapport à notre consommation d’il y a deux ans !

Au final, il s’agit là d’un moyen d’économiser de l’énergie, de l’argent et du CO2, sans contrainte réglementaire et en se basant sur le principe que pour économiser l’énergie, il ne faut pas nécessairement mettre des tonnes (sans jeu de mots) de contraintes législatives ou de mesures techniques en œuvre, il suffit de dépasser les préjugés et de revenir aux fondamentaux.

En clin d’œil, une chose est certaine, sur les photographies thermiques dressées par la Région wallonne, notre construction est super bien isolée : elle ne présente aucune déperdition (vu qu’elle n’est pas chauffée).

Des difficultés constructives malgré tout

Pour mener ce type d’expérience, il est nécessaire de bien connaître son bâtiment pour éviter de l’endommager. En effet , nous nous sommes rendu compte cette année que le tuyau de chauffage du hall était encastré dans la façade du rez-de-chaussée, seule paroi qui n’est pas isolée. Lorsque les températures extérieures se situent sous zéro, ce qui a été le cas principalement en novembre 2023 et janvier 2024, nous avons été obligés de faire tourner le chauffage pour éviter que cette canalisation ne gèle. Avant l’hiver prochain, il nous faudra donc séparer ce circuit du reste de l’installation pour pouvoir le purger, ce qui ne sera pas facile vu que l’installation est très ancienne, ou isoler les quelques mètres carrés de façade avant qui ne le sont pas.

Une difficulté sociale également

Heureusement que la famille plus élargie et nos amis sont compréhensifs et intrigués par l’expérience : Même si nous chauffons quelques heures avant leur venue, l’inertie de la construction induit que les parois continuent malgré tout à rayonner plus froid. Si la température de la pièce est de 18 °C au moment de leur venue, la température ressentie qui est une moyenne pondérée de la température ambiante et de la température des parois est inférieure à cette valeur et doit se situer aux alentours des 16°C.

En conservant un peu de recul

Cette manière de faire n’est certainement pas applicable à toutes les situations. Même si la maison a été construite dans les années 70 et n’est pas dans l’absolu pas une maison passive (nous avons toutefois tenté de l’isoler au mieux avant d’y entrer et au fur et à mesure de son occupation), notre construction est mitoyenne et ne présente pas de ponts thermiques trop importants qui provoqueraient des problèmes de moisissures ou de condensation. Elle est composée essentiellement de briques et de béton, ce qui réduit le risque si de la condensation venait à se produire au sein d’une paroi.

En conclusion

L’hiver touche à sa fin et nous pouvons à nouveau ouvrir les fenêtres pour réchauffer la maison ! A voir si l’expérience sera renouvelée l’an prochain !

  • Mis à jour le 10 avril 2024